Une belle exposition de portraits au Conseil départemental
enoit Rossignol a photographié des enfants porteurs d’un handicap. Il nous parle de son expérience, de ses interrogations. L’exposition Tu l’as vu mon handicap ? est visible au Conseil départemental du Finistère jusqu’au 2 janvier 2017.
« La réalisation d’un portrait est un art bien spécifique de la photographie. Il ne s’agit pas d’une simple représentation physique de la personne, mais il faut savoir capter, en une fraction de seconde, toute la personnalité, la sensibilité du modèle. L’objectif du photographe est de mettre en confiance son modèle. L’un admire, l’autre se fait admirer ; l’un devant s’effacer, se faire oublier, au profit de l’autre qui doit pouvoir s’abandonner à lui-même, oublier les tracasseries de la vie courante, oublier l’univers dans lequel il évolue…être simplement lui même !! La séance photographique demeure alors un instant privilégié entre le modèle et le photographe.
Au moment où l’enfant présentant un handicap s’assied devant mon objectif, je reste perplexe !
Que sais-je de lui ? Je vois simplement l’image qu’il me donne en entrant dans le studio. Me voilà complètement désarçonné ! Comment vais-je m’y prendre pour le photographier, obtenir un beau portrait ? Comment diriger la lumière, mes réflecteurs? Vais-je pouvoir lui demander de prendre telle ou telle pose??? Le spécialiste de la photo que je suis se retrouve désemparé…
Nous avons tous une appréhension du handicap; Comment l’enfant va-t-il réagir au premier flash…au premier cliché? Comment va-t-il appréhender son image sur le répétiteur de mon appareil…?
Beaucoup d’interrogations ! Et pourtant il est là devant moi. Je dois impérativement lui faire prendre la pose, comme un vrai modèle, un artiste… Un échange, un regard, un sourire, et ca y est, la séance commence. Clichés après clichés le voilà qui se livre, se prend au jeu.
Eclairé par les flashs, c’est lui maintenant la vedette ; une pose, puis deux puis trois, debout, assis, couché, le voilà qui virevolte dans le studio.
Il devient lui même… Il prend le contrôle de la séance, m’oriente dans mes choix de lumières, d’incidences, bref, il devient spontanément le réalisateur…
Plus la séance avance et plus je lis sur son visage: Tu l’as vu mon handicap… »